samedi 27 mai 2017

Latif Al Ani

"Irak- جمهورية العراق" Dans les années 1960, entre la chute de la monarchie et l'avènement du parti Baas, l’Irak connut une ère de relative stabilité aujourd'hui perçue comme une époque bénie dans la mémoire collective. La fin du règne de Fayçal II, fusillé en 1958 lors d’un coup d’Etat pro-Nasser, et la présidence d’Abdel Salam Aref, puis de son frère Abdul Rahman entre 1963 et 1968, constituent l’âge d’or de l’Irak. C’est l’époque où le pays s’industrialise et se dote d’infrastructures modernes. Il est le premier Etat du Moyen-Orient à tester la télévision couleur, en 1967, avant même Israël. C’est aussi l’époque du panarabisme triomphant, des partis de gauche, qui régénère le débat d’idées et la production artistique. Bagdad devient une métropole moderne, moins populeuse que Le Caire et plus cosmopolite que Damas. Sous l’effet de la rente pétrolière, un processus de développement se met en marche. Le photographe Latif Al-Ani a été le témoin de ces années presque tranquilles. Au sein de l’Iraqi Petroleum Company, dans les années 1950, son travail consistait à sillonner le pays pour alimenter le magazine d’entreprise en illustrations. En 1960, le ministère de la culture le charge de développer un fonds photographique. Il immortalise non seulement les sites emblématiques de l’Irak d’alors, comme les colonnades de la rue Rachid, l’une des principales artères de Bagdad, mais aussi des scènes de la vie quotidienne, telles ces femmes occupées à acheter des bijoux. Baignées d’une étrange douceur, parfaitement composées, ses images témoignent d’un pays en paix, confiant dans l’avenir. Une anomalie au regard de ce qui allait suivre. Latif Al-Ani travaille ensuite pour l’agence de presse irakienne. En 1966, il est le premier photographe sur le site du crash de l’hélicoptère transportant Abdel Salam Aref. Le président meurt dans cet accident que certaines sources présentent comme un sabotage, fomenté par les officiers baassistes qui allaient s’emparer du pouvoir deux ans plus tard. Al-Ani prend sa retraite en 1979, l’année de l’accession au pouvoir de Saddam Hussein. La pression croissante, au sein de l’agence de presse nationale, des militants du parti Baas, dont il n’est pas membre, l’incite à tirer sa révérence. Soucieux d’assurer la relève, il devient formateur et juge dans des concours. En 2003, à la chute de Saddam Hussein, une partie de ses archives est détruite durant le pillage du ministère de la culture. Plusieurs milliers de ses négatifs avaient été heureusement récupérés par la Fondation arabe pour l’image, basée à Beyrouth. Quatre ans plus tard, l’un de ses fils, recruté comme policier par les forces d’occupation américaines, meurt dans un attentat à la bombe. Signe de la nostalgie de l’âge d’or de l’Irak, l’un de ses plus fameux clichés, qui montre une femme portant une gerbe de blé, figure sur le billet de 25 000 dinars.
Je n'ai pas trouvé de site sur ce photographe, dommage.














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Emmanuel.

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