jeudi 3 août 2017

El Greco

"Saint Louis roi de France avec un page"  Saint Louis, roi de France, porte les attributs du pouvoir royal. Mais sa sainteté n'est suggérée que par son expression mélancolique et la draperie orangée qui anime cette figure austère. Il a un physique très proche de celui des contemporains espagnols du Greco. Il s'agit de l'une des oeuvres les plus véristes du peintre de Tolède. Une restauration récente a fait réapparaître au fond du tableau un paysage de sa ville d'adoption. Roi de France, saint Louis (1214-1270) porte une couronne fleurdelisée et une armure damasquinée qui évoque son rôle de croisé. Dans ses mains, il tient d'autres attributs du pouvoir royal : la main de justice et un sceptre fleurdelisé. El Greco a donné une silhouette allongée, de longues mains et un visage émacié au saint. Ce dernier n'a pas d'auréole et son attitude ne le montre pas abîmé en contemplation mais regardant intensément le spectateur avec gravité et mélancolie. Sans une telle expression et sans le drapé orange, on aurait l'impression d'être devant un portrait et non une effigie de saint. Près du roi, un charmant page tient son heaume. Une colonne sur un haut piédestal occupe le côté droit du fond de la toile. Sur la gauche, une restauration récente a révélé un ciel d'orage et un paysage à moitié effacé, certainement une vue de Tolède avec l'Alcazar et la flèche de la cathédrale. Le souverain français, petit-fils du roi de Castille Alphonse VIII, était bien connu en Espagne comme le prouve l'oeuvre de Luis Tristán, Saint Louis roi de France distribuant les aumônes (musée du Louvre), peinte à Tolède vers 1620. Jusqu'au XVIIe siècle, il n'y avait pas d'exemple espagnol de roi saint.  Peinte à Tolède entre 1590 et 1597, cette oeuvre semble être une commande de Luis de Castilla, futur exécuteur testamentaire du peintre, qui aurait voulu un tableau représentant son saint patron. Parce que la Contre-Réforme insistait beaucoup sur le culte que les catholiques devaient rendre aux saints, El Greco reçut commande de nombreuses effigies de ces personnages, privilégiant les apôtres et saint François d'Assise. Né en Crète (d'où son surnom), il séjourna une dizaine d'années en Italie où il se forma. Il fréquenta alors l'atelier du Titien à Venise, puis les milieux maniéristes romains. Attiré par le chantier du palais royal de l'Escurial, il partit en 1577 en Espagne et s'installa à Tolède où il vécut jusqu'à sa mort en 1614. Cette oeuvre a les caractéristiques stylistiques de l'art du Greco de la fin du XVIe siècle. La mise en page du tableau est proche de celle des portraits de l'école vénitienne avec un corps à mi-cuisse qui se détache sur un fond de paysage et d'architecture. La composition austère de ce portrait est animée par les formes étranges de la draperie en diagonale et par des nuages, typiques de l'art maniériste et visionnaire du Greco. Il a donné ici au roi le type physique des gentilshommes castillans qu'il a notamment portraiturés en 1587 dans L'Enterrement du comte d'Orgaz (Tolède, église Santo Tomé). L'enfant serait le fils du peintre, Jorge Manuel. L'armure du saint est traitée avec un grand vérisme qui contraste avec le flou de la draperie et du ciel. Le noir et l'or de l'armure ainsi que le blanc du costume du page forment un coloris raffiné. Enfin, l'orangé de la draperie qui apporte de la chaleur à l'ensemble est peut-être un souvenir de la formation de l'artiste à Venise.
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Emmanuel.

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