mardi 23 janvier 2018

Ou Zhihang

A près de 50 ans, ce jovial chinois né à Guangzhou, s'est passionné pour la photographie en 1976 alors qu'il venait d'entrer comme producteur dans les studios de la télévision de Canton pour être élu, en 2003, le meilleur photographe de mode de Chine. En 2009, il est déclaré "Artiste de l'Année" au 5eme Festival International de Photographie de Lianzhou. L'année suivante, le World Press Photo lui attribue une mention honorable. Ou Zhihang ne s'est pas contenté de ses récompenses, il s'est acharné sur un travail qui lui tient à cœur et qui a déjà fait l'objet d'un premier livre : "Push Up of Memories", autrement dit les "Mémoires d'un homme qui fait des pompes" ! Un travail photographique réalisé dans plusieurs pays où il se met en scène, nu, dans le cadre d'un décor où il s'est passé quelque chose : un crime, une manifestation, un événement politique. La position est la même partout : comme s'il effectuait une série de pompes, il pose les mains sur le sol, les jambes tendues, le corps nu, dressé. Mais son secret réside dans la rapidité avec laquelle il effectue cette séance de pose. En général, il est tôt, vers 6 heures du matin, à l'heure où l'endroit choisi est vide de curieux, vide de véhicules. Quand c'est en Chine, surtout dans des lieux aussi stratégiques que la place Tien-am-Men, il a quelques secondes pour se déshabiller, enclencher le retardateur de son appareil photo, faire une pompe à la seconde près, et courir se rhabiller... Qu'il pleuve, qu'il neige, que la place Tien-am-Men ait 15 centimètres de neige, notre vaillant quinquagénaire se met nu pour immortaliser son unique travail d'artiste dont il ignore quand il sera terminé, tant les idées lui viennent comme une fusée. On l'a vu faire ses pompes devant la maison de Mao, devant un lieu symbolique de la Révolution Culturelle, devant l'immeuble d'un crime à Pékin, dans une ferme du Gansu, lieu d'un homicide, sur le toit d'un immeuble dominant le boulevard où un étudiant avait arrêté, en septembre 1989, une colonne de chars, devant un groupe de travailleurs au pied de la tour de la Tv chinoise CCTV pour souligner la gravité de la pollution à Pékin. A Tianjin, il était nu sur le port où avait eu lieu une terrible explosion chimique. Pour souligner l'état de la sécheresse dans la province du Yunnan, il pose sur une terre déchiquetée. Il dévoile son auguste derrière sur les rives du Yang-Tsé pour protester contre les dégâts de l'énorme barrage des Trois Gorges. A l'étranger, c'est devant la statue de la Liberté à New York qu'il se déshabille au petit matin, puis sur le site des tours jumelles du World Trade Center. A Paris, sous la pluie devant quelques passants qui ne l'ont même pas remarqué alors qu'au loin on aperçoit des manifestants, il s'est dénudé sur la Place de la République. On le verra toujours très tôt sur la Grande Place de Bruxelles, devant la maison de Karl Marx à Trier, devant le siège de l'ONU à Genève, et bien entendu sur ce qu'il reste du sinistre mur de Berlin. Il faut tout de même avoir un sacré sang froid, au sens propre comme au sens figuré pour avoir collecté des dizaines de photos de ses... fesses, car Ou Zhihang n'a jamais montré son visage pour cet ouvrage basé sur « le moment » d'un événement. Une manière, après tout, comme une autre, de rappeler les moments difficiles de notre vie quotidienne. Et quand on lui demande pourquoi il a choisi de poser nu dans cette position somme toute délicate, il répond sans complexe, que personne avant lui n'en avait eu l'idée, et que c'est une manière de conserver sa forme physique tout en opérant une mission culturelle...
Je vous ai mis son site



















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Emmanuel.

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