Le 15 mai 2012, à Genève, la maison Sotheby's sortira de son coffre le "Beau Sancy", l'un des diamants les plus importants jamais passés sous le marteau. 34,98 carats taillés en poire et à double rose sont estimés entre deux et quatre millions de dollars, sans compter la commission d'achat (près de 20 % du montant). Il réside dans un curriculum vitæ exceptionnel, liant quatre des plus grandes familles européennes, les Bourbon, les Médicis, les Stuart et les Orange-Nassau. Le Beau Sancy possède une date de naissance: celle de sa première acquisition documentée. Au cours de la seconde moitié du XVIe siècle le diplomate Nicolas de Harlay, seigneur de Sancy, l'achète à Constantinople. La pierre a très certainement été extrait des mines situées autour de la cité de Golconde, au centre de l'Inde, une région dont sont issus d'autres célébrités telles que le Hope, le Koh-i-Noor ou encore le Regent.Sancy lui a laissé son nom. L'adjectif «Beau» sert à le différencier d'un autre dit Grand Sancy, acquis au même moment par le même personnage. Ce joyau est comme un frère aîné car lui s'enorgueillit de 55,23 carats et scintille au Louvre. Nicolas de Harlay l'avait vendu en 1604 au roi d'Angleterre Jacques Ier. Un demi siècle plus tard sa belle-fille l'avait cédé au cardinal Mazarin, lequel l'avait légué à Louis XIV. Parmi ses hauts faits notons qu'il fut placé sur les couronnes de Louis XV et de Louis XVI. Constatant que le Grand Sancy lui avait échappé Marie de Médicis, grande passionnée de pierres précieuses, pressa son époux de ne pas rater le second. C'est ainsi qu'Henri IV déboursa 25 000 écus et lui fit ce fort joli cadeau. Le Beau Sancy fut monté sur la couronne de Marie lors de son sacre, le 13 mai 1610, comme l'atteste au Louvre un magnifique portrait de Frans Pourbus le Jeune. Après l'assassinat du Vert-galant, Marie s'exila aux Pays-Bas. Criblée de dettes, elle dut se séparer de ses biens et le Beau Sancy fut vendu au prince Frédéric-Henri d'Orange-Nassau pour 80 000 florins, la dépense la plus importante des Province-Unies en 1641. La même année, soucieux de renforcer ses alliances avec les grandes puissances européennes, Frédéric-Henri se servit du diamant pour sceller le mariage de son fils Guillaume avec Marie Henriette Stuart la fille la plus âgée du roi Charles Ier d'Angleterre et de Henriette de France. À la mort de son époux, Marie Henriette embarqua pour l'Angleterre avec ses bijoux dans le but de soutenir le combat de son frère pour le trône. En 1677, le Beau Sancy réintégra le trésor de la Maison d'Orange-Nassau à l'occasion du mariage de Guillaume III avec Marie II Stuart, fille de Jacques II. En 1689, le couple fut appelé à régner sur l'île et le diamant entra ainsi dans la collection royale d'Angleterre. Cependant, à la mort des monarques et en l'absence de descendants, le Beau Sancy rejoignit une nouvelle fois la Maison d'Orange-Nassau. En 1702, suite à la résolution d'un long différend entre les héritiers, Frédéric, tout juste couronné premier roi de Prusse, accepta de renoncer au bijoux patrimoniaux contre le seul Beau Sancy. Conscient de sa valeur symbolique, il en fit l'ornement principal de la nouvelle couronne de Prusse et l'associa au premier ordre du royaume: l'Ordre de l'Aigle Noir. «Ainsi répertorié comme la plus grande pierre précieuse de la Maison royale de Prusse, le Beau Sancy fut ensuite transmis de génération en génération jusqu'à aujourd'hui, porté lors d'importants événements royaux, notamment par les mariées de la famille», ajoute-t-on chez Sotheby's. Après l'exil aux Pays-Bas du dernier empereur d'Allemagne et roi de Prusse en novembre 1918, les joyaux de la couronne demeurèrent au palais du Kaiser à Berlin. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils furent dissimulés derrière un mur dans une crypte à Bückeburg, avant d'être retrouvés par les troupes britanniques et rendus à la Maison de Prusse. Au cours des cinquante dernières années, le Beau Sancy n'a été exposé que quatre fois: en 1972, à Helsinki, aux côtés du Grand Sancy ; en 1985, à Hambourg ; en 2001, une nouvelle fois avec le Grand Sancy, au Musée national d'histoire naturelle de Paris et enfin, en 2004, à Munich. Ces mois-ci, avant la mise aux enchères, il sera exposé à travers le monde et notamment à paris les 24 et 25 avril 2012.
* Merci à François d'Hautpoul qui me donne la chance de pouvoir l'admirer...
Je vous ai mis le site
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