Suffit !
Les footballeuses ont donc le droit de jouer la tête voilée. Ces messieurs de la Fifa (1), qui les y autorisent officiellement depuis le 5 juillet, doivent se féliciter de cette formidable avancée de l’égalité des sexes dans le sport. Comment n’y avoir pas pensé plus tôt ? Leur décision va permettre aux Saoudiennes (celles qui n’ont pas le droit de conduire), aux Qataris (dont le pays a racheté le PSG en y investissant des sommes folles), aux Bahreïniennes, etc., qui se bousculent dans les équipes sportives nationales, de fréquenter enfin les terrains de sport. Auparavant, bien sûr, faute de pouvoir jouer voilées, elles restaient chez elles. Bientôt, grâce à cette décision qui piétine allègrement les valeurs universelles portées par le sport – la laïcité, la neutralité, la non-discrimination, l’égalité –, on verra des femmes jouer en niqab. Pour pousser le ballon, ce ne sera pas vraiment pratique, c’est vrai, mais au moins leurs « coutumes culturelles », comme le précisent ces messieurs de la Fifa, seront préservées puisque, selon eux, le port du voile n’est pas du tout religieux. Au fait, pourquoi ne pas étendre cette autorisation au tennis, à l’escrime, à la natation ? Le voile, l’avenir du sport féminin ? Les auteures d’un ouvrage sur le sexisme régnant dans le foot (2) n’y avaient sans doute pas pensé…Ce scandale, dénoncé par nombre d’associations féministes, n’a pas vraiment mis le monde du sport en ébullition. Pas plus du reste que le gouvernement. On aurait aimé entendre, par exemple, la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem. Interpellée à l’Assemblée, la ministre des Sports, Valérie Fourneyron, s’est, elle, prononcée pour l’interdiction du port du voile dans les compétitions féminines en France, à l’instar de la FFF (3), qui a précisé dans un communiqué qu’il n’était pas question que les footballeuses françaises soient voilées. Mais pas un mot, même symbolique – et l’on sait combien les symboles comptent dans ce domaine – contre la Fifa. Le sexisme dans le sport n’est sans doute pas un combat d’importance.
(1) Fédération internationale de football Association.
(2) « Football féminin – La femme est l’avenir du foot », par Audrey Keysers et Maguy Nestoret Ontanon (éd. Le bord de l’eau).
(3) Fédération française de fooball.
Editorial du Elle du 20 juillet 2012 Par Michéle Fitousi.
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