"Témoignages".
"Je ne me sentais pas très bien alors j'avais été envoyée dans un hôpital israélien pour voir un dermatologue. Alors que je marchais vers la clinique, j'étais très nerveuse, parce que je ne voulais pas être examinée par un médecin israélien. C'est vrai que ce n'était pas la première fois que ça m'arrivait, mais cette visite en particulier était différente parce qu'elle coïncidait avec un projet photographique sur lequel j'avais travaillé pendant les seize mois précédents. Je recherchais et rassemblais les photos d'identité des passeports de Palestiniens qui avaient été tués par les Forces de défense israéliennes de 1948 jusqu'à nos jours. Des visages hors du temps et lointains et pourtant étrangement familiers et personnels. Des visages qui semblent nous dévisager, soulevant des questions sur ce qui nous relie à eux. Des questions à propos de leurs histoires. À propos de leurs identités. À propos de leur silence. Un silence assourdissant. Donc en marchant vers cette clinique, j'avais la sensation étrange que les visages des martyrs me pourchassaient. En tant que Palestinienne, je ne pouvais pas réconcilier mon problème médical et ces visages qui me hantaient. Le sentiment de culpabilité me submergeait. Le docteur appela mon nom, parcourut le rapport médical puis me regarda et me demanda: "Pouvez-vous venir à l'hôpital trois fois par semaine pendant deux mois pour des sessions de thérapie ?". Je suis restée sans voix, je ne pouvais pas prononcer un mot. Il m'expliqua ensuite : "Ce n'est pas une procédure douloureuse. Nous utilisons des UV1 pour vous soigner, cela s'appelle la photothérapie." Je pris mon premier rendez-vous pour une session de photothérapie, en essayant de me convaincre que ce traitement avait une sorte de lien avec la photographie et ma carrière de photographe. Installée immobile sur le lit spécial de traitement, je me sentais seule et glacée. Chaque session durait une heure et demi, les ultraviolets pénétrant mon corps. Les visages des martyrs flottant avec insistance autour de moi dans la pièce. Je me sentais tout à fait confuse. Qu'avaient-ils traversé au moment de leurs morts ? Avaient-ils souffert ? Je me posais la question !".
Rula Halawani vit et travaille à Jérusalem
Je vous ai mis un lien
mercredi 25 juillet 2012
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