C’est fini. Son départ ayant commencé il y a une dizaine de jours, l’armée française aura bientôt quitté – pour ne pas employer le verbe "fuir" – l’Afghanistan. A ELLE, nous sommes plusieurs à partager une autre image de cette armée : celle de militaires enthousiastes arrivant en 2002 à Kaboul avec, dans leurs avions, des ordinateurs et des imprimantes que nous n’avions pas réussi à acheminer de Paris. Ce matériel était destiné à des journalistes afghanes que nous venions aider sur place à créer leur propre journal. "Roz", "jour" en persan. Un nom qu’elles avaient choisi parce qu’il symbolisait l’espoir.
La nuit qui les attend aujourd’hui n’est pas un cliché, c’est la réalité. Faute de moyens, "Roz" est appelé à disparaître. Mais le plus grave, c’est que la situation de ce journal est le miroir grossissant de ce qui va tomber sur les Afghanes. Le gouvernement du pays, notoirement corrompu, sera de plus en plus impuissant face à des talibans qui prennent partout le pouvoir. La santé, l’éducation, les droits des femmes ne seront plus des priorités, ni pour les grandes puissances ni pour les associations qui, sans budget, quitteront elles aussi le territoire. Sans témoins étrangers, les écoles seront de plus en plus fermées, brûlées ; les femmes, lapidées, claquemurées, mariées de force, interdites de soins ; les étudiantes, privées de formation, exclues du travail, etc. Le retour en arrière est doublement cruel. D’abord, parce que les femmes et les enfants ont été les principales victimes des kamikazes sauvages qui, signant l’échec des armées étrangères, motivent aujourd’hui, et indirectement, leur départ. Ensuite, en négligeant le fait qu’un processus de démocratisation s’étale sur de longues années, on aura donné trop brièvement aux femmes afghanes la vision de ce que pourrait être une vie faite de liberté et d’autonomie. Aujourd’hui, au-delà du désastre que représentent le gaspillage et le détournement de sommes colossales, c’est le massacre de la confiance, de l’espoir et du rêve qui est programmé. Et que l’on ne vienne pas nous dire que nous quittons un pays enfin apaisé. Marie-Françoise Colombani
Edito du Elle daté du 30 novembre 2012
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