lundi 22 avril 2013

Rudolf Stingel - Palazzo Grassi

Cet artiste italien du sud-Tyrol, qui vit et travaille à New York depuis 1987, tout en conservant des liens avec Merano, la ville où il naît en 1956. Le motif en relief de ces œuvres, commandées pour cette exposition à Palazzo Grassi, est celui d'un tapis persan. Stingel unit donc la verticalité de la toile avec l'horizontalité du tapis. L'artiste réunit ainsi deux traditions visuelles opposées : l'austérité de la peinture monochrome - un langage courant chez les artistes d'avant-garde - et les arts décoratifs. Ces différentes sources s'associent pour contester les notions traditionnelles de la paternité d'une œuvre; la méthode de production employée par Stingel lui permet d'éliminer toute trace de la personnalité distinctive de l'artiste, tout en répondant à un désir de répétition. Stingel encourage ainsi le spectateur à regarder au-delà de la surface luxueuse de ces œuvres afin de contempler l'authenticité, la hiérarchie et l'originalité de l'art contemporain.L'artiste a inversé le regard sur le lieu en le tapissant du sol au plafond d'un kilim afghan, ancêtre décliné en une constellation géométrique infinie. Photographié comme une carte géologique, agrandi jusqu'au point flou de pixelisation, imprimé en Allemagne sur une surface vierge de 7 500 m², il devient le tableau total dans lequel se nichent les tableaux abstraits et autres variations sur le motif.  Le motif sert de fil à l'histoire. Cerné par un découpage précis, répété et agencé in situ en contournant les fenêtres, les balcons et les décrochés des recoins, il recompose un immense tableau changeant (trois semaines d'installation avec dix ouvriers suivant au millimètre les indications de l'artiste). Et devient la synthèse visuelle des voyages entre Occident et Orient, le symbole même de la Sérénissime si riche en ses palais, l'hommage décalé de l'art contemporain au passé glorieux de la lagune. La beauté de la main artisanale demeure intacte sous le zoom. La chaleur des tons, entre rubis et vieux vin, adoucit l'invasion de l'espace. Le tapis d'origine a été choisi "déjà usé" à dessein.  Il pose en romantique allemand sur un immense autoportrait accroché dans la pénombre du patio. Là encore, c'est un travail sur le motif. La pose légèrement boudeuse, le regard baissé qui fuit la confrontation, les taches circulaires de peinture indiquent qu'il s'agit d'une photo banale que maculèrent verres et bouteilles. Agrandie, elle devient tableau, reflet du réel et méditation sur l'usage. L'autoportrait est peint de manière très réaliste, accidents compris, sans que l'on sache vraiment quelle part revient à l'artiste ou à son studio. Les couleurs surannées renvoient à l'obsession de Rudolf Stingel sur le temps fugace et la matérialisation trompeuse du regard. Partout, entre ces deux figurations XXL, Rudolf Stingel a essaimé ses recherches sur la peinture et l'ornement. Dans ce tapis chaud de l'Orient, ces abstractions argentées, ces contrastes de mat sur brillant, de gris sur fond souterrain rouge ou bleu, ces décalages de matières et de répétitions, ces photos repeintes de sculptures médiévales en bois, trouvent soudain tout leur sens. A voir jusqu'au 31 décembre 2013;
Je vous ai mis le site







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2 commentaires:

  1. J'ai vu un reportage à la tv sur cette installation, et cela est vraiment phénoménal! j'adore!!!!

    Claire B.

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  2. Oui, ça a l'air vraiment splendide!
    E

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Emmanuel.

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