Michel Haddi

"I didn’t choose the thug life, the thug life chose me"  Tupac Shakur - À 10 h 15, je commence à être défoncé simplement par la fumée. À 11 h 00, je le vois comme Martin Luther King, mon hallucination devient réelle. Je lui demande de tomber la veste. Au fur et à mesure, il apparaît devant moi comme l’emblématique pasteur lors de sa marche pour les droits civiques.  John Singleton l’accompagne, mais le courant ne passe pas et je vois que ce shoot va se terminer en eau de boudin. John est très certainement un immense réalisateur mais il se voyait déjà comme un photographe professionnel.  « Michel, tu devrais le shooter comme ça, ou de cette façon. »  Je lui tends l’appareil en lui disant :  « Mon très cher John, je vois que vous avez envie de prendre des photos, je vous laisse l’équipe et le studio, bon courage à vous. » Tupac éclate de rire et toujours avec son sourire ravageur déclare :  « Relax John, laisse-le bosser. »  La deuxième image est moins drôle, je suis toujours dans mon voyage sur les traces de Martin Luther King et j’ai un flash. Pourquoi ne pas photographier Tupac poitrine nue, les yeux fermés, en dévoilant ses tatouages. Au moment où j’actionne le déclencheur, je sens la mort me frôler. Dans mon cadre se superpose la mort de Martin Luther King et celle de Tupac Shakur. Je n’ai eu cette prémonition trois ou quatre fois dans ma vie.  Tupac était comme ça : insouciant, décontracté, une sorte de dandy du XXe siècle, un « Apache » sorti tout droit de Casque d’Or de Jacques Becker. Je l’ai photographié en 1993, en 1994 on lui enlèvera cinq balles, en 1996 il en recevra quatre autres dont une mortelle. Mauvaises fréquentations.  J’ai voulu avec ce système de galerie virtuelle, proposer au plus grand nombre des clichés uniques de cette légende du rap US, en attendant la parution de mon livre Anthology – Legends qui paraitra le 29 octobre chez Yuri & Laïka. Une manière de découvrir une des facettes de ce génie de la culture hip-hop.  Michel Haddi
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