Haute Couture

Haute Couture.

Je voulais montrer les collections de Haute Couture. Le sujet me tient à cœur !
Mais devant le spectacle de désolation de ces collections printemps-été 2009, je m’y refuse, ne voulant pas cautionner cette mascarade. Tous ces défilés sont une succession d’images indigestes et tristes. Que dire de ces "couturiers" qui ont troqué leurs lettres de noblesse pour celle de " créateurs " ? Ils ont oublié leurs fonctions premières : habiller en faisant rêver les femmes. Ce n’est que surcharge pour noyer le manque de culture, de professionnalisme et d’imagination.
Toutes ces broderies sans intérêt et mal utilisées me donnent la nausée…Où sont les Tableaux de Van Gogh réinterprétés par Monsieur Saint Laurent ? Que sont devenus les matelassages du sac Chanel en paillettes laquées ? Où est le sable saupoudré d’or de Montana pour Lanvin ? Ou encore les kilims de Scherrer. C’est vrai qu’il faut un minimum de connaissances et de curiosité pour travailler avec François Lesage…Au lieu de copier de vieux échantillons achetés aux puces de Londres.
Que penser des choucroutes torturées sans respect pour la noblesse des tissus. Qui sait encore apprécier un double crêpe marocain, un drap de soie double retord ou un simple piqué de coton ? La légèreté d’une mousseline qui effleure la peau, le tombé du satin, et la netteté du whipcord…
Sans faire de passéisme où sont les vrais couturiers ?
Où est la remplaçante de Mademoiselle Chanel qui toute sa vie a réinventé son fameux cardigan pour atteindre une perfection de confort à jamais égalée. Tout le monde a oublié que le jersey qu’elle a utilisé et anobli servait alors pour les sous-vêtements masculins!
Où êtes-vous le successeur de Schiaparelli qui osait peindre des homards surdimensionnés sur les robes du soir des élégantes ? Leur faisaient porter des chapeaux téléphone sans être ridicules ? Parsemait de boutons inimaginables crées par les plus grands artistes du moment, ses tailleurs rose mercurochrome ?
Où sont les associations de couleurs fantastiques de Monsieur Saint Laurent que tout le monde a encore dans les yeux? La simplicité si évidente de ses vêtements. Cette pureté si difficile à atteindre. Où est le modernisme insensé d’un Courrège ou d’un Cardin ? Que sont devenues les coupes fabuleuses d’un Balenciaga, d’une Madame Grès , d'un Mugler ou d’une Vionnet ? Qui peut comprendre les désirs des clientes gâtées par la vie ? Ils ne savent pas ce qu’elles attendent puisqu’ils ne daignent plus les écouter, bien plus préoccupés par leur propre image qui va passer en boucle dans les médias. Il y a plus de 20 ans, une cliente mondialement connue m’a demandé de lui dessiner des jeans et des t-shirts sur mesure brodés du motif " Fruits of the Loom " par Lesage. Cela a été une vraie leçon de luxe. Cette femme ne trouvait pas dans les collections des vêtements adaptés à sa vie active , elle voulait être dans la vie, mais sur mesure.
On assiste à des fantasmes de vieux enfants qui n’ont pas cessé de jouer avec leurs poupées Barbie, leur faisant subir les pires outrages pour assouvir leurs propres perversités. Ces mots ne sont pas ceux d’un homme frustré, bien au contraire ! Le désir de voir s’en aller tous ces acteurs qui ne sont plus de notre époque et d’admirer de nouveau de vrais couturiers qui aiment leur métier et qui ont un vrai talent. La capacité de bousculer les codes établis, d’étonner, mais avant tout de faire rêver. Surtout ne pas faire de la "décoration textile", comme tous ces défilés qui se sont succédé durant cette semaine, mais de vraies collections de Haute Couture.
E.C.