Emmanuelle Charmant

"Skins Party"
 "No limit est la seule règle existante", dixit Nicolas, organisateur de skins party. Dès 2009, Emmanuelle Charmant s’est immergée dans l’univers décadent des skins party. C’est quasiment le temps qu’il lui a fallu pour se faire accepter par de jeunes organisateurs de la région parisienne, qui l’ont ensuite invitée à leurs nombreuses soirées. Quant au public, assez jeune – entre 15 et 20 ans – l’information du lieu et de l’heure de la soirée lui est communiquée seulement deux heures avant que débutent les festivités. Bas résilles, caleçons moulants et autres porte-jarretelles sont les symboles d’une soirée réussie. Cela est devenu la recette idéale pour des milliers d’adolescents, ces derniers se réappropriant un concept issu d’une série télé produite et diffusée en Angleterre, et arrivée en France dès la fin de l’année 2007. Séduits par l’authenticité des thèmes abordés (l’anorexie, les différentes formes de sexualité, la mort…), nombre de jeunes français vivent sur ce rythme schizophrénique : Studieux et conventionnel le jour, décadent et faisant fi de la morale la nuit. Le principe est d’organiser des orgies clownesques et sexy à souhait. "La tendance est de briser les codes à coups de vêtures aguichantes, si ce n’est totalement intimes", explique la photographe, remarquant au passage que le déguisement favoriserait de fait la mixité sociale. L’autre particularité est que les jeunes fêtards rejettent tout investissement sentimental pouvant habituellement border les rapports préliminaires. Les adeptes des skins party cherchent à dompter leur image via une exposition outrancière voire outrageuse de leur anatomie. Selon Emmanuelle Charmant, "ils ont pleinement conscience de leurs actes, et posent volontiers devant les téléphones portables dotés d’appareils photos". Car la finalité est d’occuper l’espace médiatique à l’échelle d’une communauté virtuelle ou de blogs thématiques, et d’ainsi donner à leurs pairs et à eux-mêmes l’illusion qu’ils s’assument.

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