mardi 31 décembre 2013

Yann Datessen

Pour engloutir mes sanglots apaisés -
Rien ne me vaut l’abîme de ta couche ;
L’oubli puissant habite sur ta bouche,
Et le Léthé coule dans tes baisers."
Charles Baudelaire / Le Léthé
On ne garde jamais que les bons souvenirs, les beaux. C’est ce qu’on dit. Mais qu’arrivent-ils aux autres ? Où vont-ils ? Les regrets, les peines, les chagrins, ces vieilles branches mortes, sous l’eau, qui accrochent à la coque de nos barques, où finissent-elles par échouer, sur quelle rive ? Quel est ce courant de fond qui les a emmenées au loin, au bout d’un estuaire, peut-être dans une mer, quelque chose de froid et de sombre ?
Le Léthé est avec le Styx et l’Achéron l’un des trois fleuves des enfers grecs. Boire une gorgée de ses eaux autorise un retour, revenir en surface, parmi les vivants. Le prix à payer ? L’oubli. L’oubli de son passé, de sa vie, ses amours, sa famille. Tout. Enfin presque. Il restera bien quelques bribes des bonheurs antérieurs, des éclairs, des sensations de « déjà vu » mais rien qui fasse de l’ombre à sa nouvelle existence. On ne garde jamais que les bons souvenirs. C’est ce qu’on dit. En enfer, certains choisissent de rester à tout jamais du « mauvais côté » de la berge, pour garder les belles choses, les belles comme les douloureuses, les garder pour l’éternité, dans le noir,  une éternité de mélancolie parmi les damnés. D’autres franchissent ces eaux, pour tout recommencer, à zéro, faisant table rase de ce qu’ils étaient, de ceux qu’ils ont aimés Le long du fleuve de l’oubli, entre joncs et roseaux, avant de prendre une décision, boire la tasse ou rester au sec, cette série de 25 images est une invitation à descendre le cours d’une histoire d’amour : ses rapides, ses détours, ses épisodes géographiques, de la source jusqu’à l’embouchure : une invitation à parcourir les flancs de son lit. Le long du fleuve de l’oubli, grand poison froid du Tartare, le long de cette veine gonflée de « gouttes à souvenir » dans laquelle chacun de nous a versé, au moins une fois, toutes sortes de liquides, ce projet cousu d’eaux noires et d’un fil rouge s’interroge sur ce que l’on garde de ces histoires là, sur ce que l’on peut bien emporter de l’autre. Yann Datessen
Je vous ai mis son site













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