Coup de cœur...
Pour" Syrie, le cri étouffé" le documentaire bouleversant de Manon Loizeau et d’Annick Cojean, diffusé le 12 décembre 2017 sur France 2. Il faut écouter les témoignages des femmes syriennes qui ont le courage de raconter les crimes dont elles ont été victimes sous le régime d'Assad, parmi lesquels le "pire" d'entre tous : le viol. "Je hurlais mais qui m’entendait ? Qui pouvait m’entendre ?". En Syrie, de nombreuses femmes détenues dans les geôles du régime d'Assad ont longtemps crié en silence. Pendant cinq ans, depuis le début de la révolution, elles ont été victimes d’une arme d’autant plus redoutable qu’elle apparaît aujourd’hui encore comme l’un des plus grands "tabous" des sociétés arabes : le viol. Violées dans un premier temps en secret, dans les prisons, elles ont par la suite été abusées par l'armée au niveau des barrages, dans la rue voire à leur propre domicile, sous les yeux de leur mari et de leurs enfants. Pour détruire les combattants, les révolutionnaires, le régime a cherché à anéantir leurs épouses, leurs mères, leurs soeurs dont le corps est devenu à son tour une ruine et un champ de bataille. Sept femmes témoignent avec courage et pudeur de "ce jour-là", ce jour où dans "un joli bureau" aux "fauteuils en cuir" ou dans des centres remplis "de cadavres" putréfiés, leurs vies ont basculé. A visage caché ou découvert, elles donnent des dates, des lieux, des noms. Des descriptions glaçantes de précision. "Comment vous raconter ça ?", s’interroge encore Mariam, une ancienne fonctionnaire engagée dans la résistance après avoir été formée aux soins infirmiers. Comment vivre avec ces images ? Son amie violée devant elle, avant elle. Une femme enceinte de sept mois "tellement violée" qu’elle a fini par accoucher. Et l’un des bourreaux, le lieutenant Souleyman qui grignotait, indifférent, ses "biscuits apéritifs, des pistaches". "Chaque jour c’était la même chose, les coups le matin et les viols le soir". Chaque jour "le général, puis quand il avait fini, un deuxième, un troisième, un quatrième… Je hurlais mais qui m’entendait ? Qui pouvait m’entendre ?", confie, en sanglots, la jeune femme âgée de 31 ans. "Le régime viole et la société rejette" En Syrie, malgré les atrocités du régime, rares sont les femmes qui osent parler. Quand elles ne disparaissent pas du jour au lendemain sans laisser de traces, ou qu'elles ne mettent pas fin à leurs jours, la plupart choisit de se taire pour éviter qu'au viol s'ajoute "le déshonneur". Le mari qui demande le divorce, le père ou le frère qui les font disparaître. "L’injustice pour la femme c’est d’être punie par la société et le régime. Le régime la viole et la société la rejette", résume ainsi une première victime, anonyme."Ce n’est pas notre faute", ajoute-t-elle, comme s'il fallait encore s'en convaincre, se justifier d'être victime. En plan rapproché, ou en plan large, entre séquences extérieures et coupes serrées sur un intérieur ou un corps, une partie du visage, d’une main, la réalisatrice et sa co-auteure aidées de la chercheuse libyenne Souad Wheidi, filment donc l’indicible, l'impensable. Les témoignages, entrecoupés d’images de la répression, d'arrestations de femmes, captées à l’aide de téléphones portables, surgissent alors comme autant de preuves criantes. "Et ça continue d’avoir lieu aujourd’hui, évidemment..."
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Emmanuel.
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