D’abord, il y a eu l’Espagne et l’avant-projet de loi du
Parti populaire qui piétinait le droit à l’avortement. Révoltant. Puis il y a
eu la manifestation des anti-IVG dimanche 19 janvier à Paris. Choquant. Pour
finir, il y a eu la bataille politique à l’Assemblée autour des amendements à
la loi Veil sur l’IVG. Et la colère nous a gagnés. Comment est-ce possible ?
Comment des membres éminents de la classe politique française peuvent-ils
relancer le débat sur un droit fondamental comme l’IVG ? Je ne parle pas bien
sûr de la brochette réactionnaire des Poisson, Mariton, Le Fur et consorts,
toujours aux avant-postes du retour à l’ordre moral, qui veulent dérembourser
l’IVG et plonger les femmes les plus pauvres dans un vrai désarroi. Non, je
parle du droitier Copé et du modéré Fillon qui souhaitent maintenir la
référence à l’état de détresse de la femme pour l’autoriser à avorter. Comment
osent-ils ? Comme si on nous concédait ce droit eu égard à notre grande
souffrance ou à notre misère. Vouloir conserver cette notion obsolète de
détresse féminine (qui, dans le contexte du vote de la loi Veil, rappelait que
de nombreuses femmes mouraient des suites d’avortements clandestins) en dit
long sur le rapport que beaucoup de politiques entretiennent encore aux femmes
et à leurs droits : ils ne les reconnaissent pas, ils les tolèrent. Cela en dit
long aussi sur leur méconnaissance crasse des chiffres de l’avortement en
France. Dans deux cas sur trois, la femme utilisait une contraception. Il ne
s’agit pas, comme ils en brandissent la menace, de banaliser l’acte d’avorter,
car avorter n’est pas un acte anodin ou une partie de plaisir. Mais ce n’est
pas non plus le drame psychologique dont on ne se remet jamais comme nous le
martèlent les intégristes religieux et leurs amis rassemblés en manifestation
anti-IVG. Non. On peut aussi avorter simplement parce qu’on ne souhaite pas
être mère à un moment donné. C’est une décision intime, qui ne relève que de
notre libre choix. Le 21 janvier, l’Assemblée majoritairement derrière le
gouvernement n’a pas retenu les propositions des députés de l’UMP. (Saluons la
position de Nicole Ameline, Marie-Jo Zimmermann et Françoise Guégot qui n’ont
pas voté avec leur camp politique.) C’est une victoire, certes, mais pour
combien de temps ? Si demain les conservateurs gagnent du terrain en France, si
les leaders de la droite les courtisent à coups de propositions réactionnaires
remettant en cause les acquis des femmes, si le FN de Marine Le Pen, qui
fustige l’« avortement de confort », devient le premier parti de France,
qu’adviendra-t-il de nos droits fondamentaux ? Nul ne peut le dire. D’autant
que les menaces sur l’IVG sont déjà réelles. Cent trente centres ont fermé
depuis 2004 et bon nombre de médecins militants qui avaient commencé à
pratiquer les avortements dans les années 70 partent aujourd’hui à la retraite
et sont difficilement remplacés. Notre seule certitude, c’est que, face au
bruit des anti-IVG, il faut faire entendre nos voix. Vous avez déjà été des
milliers à nous rejoindre sur Twitter pour exprimer votre attachement au droit
à l’IVG. La mobilisation continue. Des millions de femmes se sont battues pour ce
droit. Il est à nous. Et ce n’est pas négociable.
Mobilisez-vous pour défendre le droit à l’IVG. Postez votre
photo sur Twitter : #IVGmoncorpsmondroit
Edito du Elle du 31 janvier 2014, par Valérie Toranian
Je vous ai mis le site
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